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2 ago 2024

Le magnifique congrès de Nantes en 1957

Par François Perdrial

Du mardi 16 avril au samedi 20 avril 1957 se tient à Nantes, France, le 13e congrès de l’ICEM. 1957 était également la trentième année de réunions du mouvement national Freinet en France, qui s'était réuni pour la première fois au niveau national en 1927. Pour la première fois, au congrès national de l’ICEM se joint le premier congrès international des coopératives scolaires, auquel assistent une centaine d'enfants délégués de coopératives scolaires qui débattent de leurs droits, devoirs et besoins. Les Lycées Livet et Clemenceau, le Musée des Beaux-Arts, le Musée d’Histoire Naturelle et l'Opéra-Théâtre Graslin accueilleront l'événement, en plus d’offrir des espaces d'exposition et de travail aux différents comités.

Dans l'édition technologique de L'Éducateur n° 21 du 20 avril 1957, juste au moment où le congrès de Nantes se clôturait, Célestin Freinet titrait un article de sept pages avec la phrase : «Le beau congrès de Nantes». En effet, ce congrès avait été témoin de quelques événements très importants qui allaient marquer l'histoire du mouvement Freinet. Tout d'abord, il a été l'un des plus nombreux en termes de participants, avec entre 800 et 1 000 personnes. C'était un grand événement laïque, avec un défilé le jeudi 18 avril de 1 000 enfants et 1 000 adultes avec bagadoù et groupes folkloriques à travers la ville, démontrant, comme l'a dit Freinet, «cette solidarité laïque dans le pays chouan». C'était la première rencontre internationale de jeunes coopérateurs scolaires.

Le congrès a adopté la Charte des Enfants. Il a été témoin d'une remarquable exposition d'art enfantin dans la salle des Beaux-Arts du Lycée Clemenceau et, surtout, au Musée des Beaux-Arts de Nantes, où une «Maison de l’Enfant» a été créée dans la cour. Il a également été témoin de la naissance de la Fédération Internationale des Mouvements d'École Moderne, dont le conseil d'administration était composé de Célestin Freinet (France), Lucienne Mawet (Belgique), Philippe Perrenoud (Suisse) et Giuseppe Tamagnini (Italie).


 Discours inaugural de Freinet

Dans son discours inaugural de la FIMEM, Célestin Freinet déclare : «Les délégations de l'URSS, de la Pologne, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Bulgarie et de l'Allemagne de l'Est n'ont pas pu obtenir à temps le visa nécessaire et, à notre grand regret, n'ont pas participé à notre congrès. En plus des pays mentionnés, nous avons reçu des salutations du Maroc, du Cameroun, de la Réunion, de l'Italie, de Saint-Marin, de l'Espagne républicaine, de l'Uruguay et du Vietnam. Le nombre de pays intéressés par notre travail qui comptent des groupes d'École Moderne est déjà si grand que les représentants étrangers réunis à Nantes ont décidé de créer une organisation internationale pour harmoniser les relations existantes. [...] Et c'est parce que nous avons maintenant une telle richesse de soutien international que la création de la Fédération Internationale des Mouvements d'Écoles Modernes semble naturelle et indispensable.»

Naissance de la FIMEM

Étant donné qu'il s'agissait d'un congrès pour jeunes coopérateurs, ceux-ci venaient généralement accompagnés de leurs enseignants, si bien que la présence de délégations étrangères était très importante. Malgré la légère amélioration des relations Est-Ouest après la mort de Staline et l'arrivée au pouvoir de Khrouchtchev, les délégations des pays d'Europe de l'Est n'ont pas pu assister car elles n'avaient pas obtenu de visa. Si elles avaient assisté, cela aurait été la première fois depuis 1945. Étaient absents les représentants de l'URSS, de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, de la Roumanie, de la Bulgarie et de la RDA. Mais il serait plus exact de dire que, comme les relations entre Freinet et le Parti Communiste Français étaient très conflictuelles à cette époque, le non-obtention des visas était dû davantage à l'appareil communiste en général qu'aux complications administratives habituelles. Néanmoins, ces pays ont envoyé leurs salutations.

Lors de la session inaugurale, le mardi 16 avril, étaient présents à la tribune les chefs des délégations des mouvements belge, suisse, néerlandais, yougoslave, tunisien et mexicain. Lucienne Mawet (Belgique) a présenté le projet de constitution de la FIMEM lors de la session de clôture du congrès de l'ICEM, qui a été approuvé à l'unanimité le vendredi 19 avril 1957, jour officiel de la naissance de la FIMEM. Cette motion, portant le numéro 2, a été adoptée à l'unanimité et a créé la FIMEM (voir le texte complet à la fin de cet article).

À la naissance de la FIMEM ont participé : les 15 groupes nationaux suivants par ordre alphabétique (nommés comme ils l'étaient à l'époque) : Allemagne de l'Ouest, Belgique, Cuba, France, Grèce, Hollande, Italie, Maroc, Mexique, Nouvelle-Zélande, Saint-Marin, Suisse, Tunisie, Uruguay et Yougoslavie. La constitution de la FIMEM énumère cinq colonies ou territoires français d'outre-mer (non indépendants en 1957) : Cameroun, Madagascar, Réunion, Sénégal et Tahiti. Il n'est pas surprenant que l'Algérie n'y figure pas, car les institutions françaises considéraient l'Algérie comme un département français. De nombreux enseignants algériens étaient présents à ce congrès. En plus des 20 groupes et organisations fondateurs, ont assisté au congrès des représentants de l'Espagne républicaine, du Vietnam, de l'Angleterre, de la Pologne et un étudiant russe.

Interventions de personnes mentionnées lors du congrès : Denise Croisé (Belgique) a présenté le mouvement Éducation Populaire, revitalisé et en contact avec le mouvement flamand belge dirigé par Messens, le camarade suisse a parlé, le camarade tunisien Chabaane a salué la naissance de la FIMEM, M. Verslhuis des Pays-Bas, le délégué australien a pris la parole, le camarade yougoslave a remercié en espéranto, M. Diop du Sénégal, Mlle Bonfil Y Castro du Mexique a présenté le MEEM et a parlé du travail remarquable de Redondo, M. Legrand, délégué de l'UNESCO, a déclaré : «Ce congrès a favorisé, à mon avis, quelque chose de très important, la création de la FIMEM.»

Absents : Sont mentionnés comme absents ayant envoyé des télégrammes ou des lettres : camarades de l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est, de la Pologne, de la Hongrie, de la Chine, du Portugal, du Vietnam, de la Bulgarie, de l'Espagne, Montanari de Saint-Marin, camarades russes, Giuseppe Tamagnini (Italie) a écrit une lettre dans laquelle il dit : «depuis la naissance de notre organisation (le MCE), c'est la première fois que nous sommes absents de votre congrès», H. Almendros, ancien fondateur de la Coopérative Typographique Espagnole à l'école actuellement à Cuba et Juliàn B. Caparrós Morata (Canaries) ont envoyé ce message :

«Nous, éducateurs de l'Espagne éternelle, qui souffrons aujourd'hui des rigueurs du dogmatisme qui tue toute véritable pédagogie, sommes avec vous, pédagogues de la France libre, à l'occasion de ce XIIIe Congrès National de l'École Moderne, en vous souhaitant le plus grand succès. Nos salutations les plus sincères.» Ceux mentionnés dans les articles précédents et qui pourraient être présents au congrès : un groupe de Hambourg (Allemagne de l'Ouest), un groupe de travail d'enseignants de Zagreb (Croatie), un enseignant de Sofia (Bulgarie), M. Alexandre Nagy, enseignant de Budapest (Hongrie), cinq enseignants-travailleurs polonais, M. Borel, enseignant de Neuchâtel (Suisse).

Récupéré par Andi Honegger du bulletin des «Amis de Freinet», n° 87, août 2007, page 51.

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